Dermatite atopique : comprendre la maladie et mieux la prendre en charge
- Dr Thomas Baltazard
- 51 minutes ago
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La dermatite atopique (DA), souvent appelée eczéma atopique, est une maladie inflammatoire chronique de la peau. Elle se manifeste par une peau sèche, rouge, très prurigineuse et évolue par poussées. Elle débute le plus souvent dans l’enfance, mais peut persister ou apparaître à l’âge adulte. Il s’agit d’une pathologie de plus en plus fréquente, qui peut avoir un retentissement important sur la qualité de vie.

Comment se développe la dermatite atopique ?
La dermatite atopique résulte de la combinaison de deux mécanismes principaux :
Une altération de la barrière cutanée : la peau est plus perméable, laissant passer irritants, allergènes et microbes.
Un dérèglement du système immunitaire, responsable de l’inflammation chronique.
Des facteurs génétiques, environnementaux (climat, pollution), émotionnels (stress) et parfois allergiques peuvent favoriser les poussées. La DA n’est pas une allergie à elle seule, même si certaines allergies peuvent coexister ou aggraver la maladie chez certains patients.
Quels sont les signes cliniques ?
Les manifestations varient selon l’âge et les patients, mais on retrouve le plus souvent :

Plaques rouges, sèches et prurigineuses
Démangeaisons intenses, parfois responsables de lésions de grattage
Localisations fréquentes :
nourrisson : joues, cuir chevelu
enfant et adulte : plis des coudes et des genoux, poignets, cou, mains
En cas d’évolution prolongée : épaississement de la peau
Lors des poussées : suintements, croûtes, parfois saignements
Les démangeaisons sont constantes lors des poussées et peuvent perturber le sommeil, la concentration et la vie quotidienne.
Qu’est-ce qu’une poussée de dermatite atopique ?
Une poussée correspond à une phase d’aggravation avec inflammation marquée et démangeaisons sévères. Les facteurs déclenchants sont variables d’un patient à l’autre : froid, chaleur, stress, transpiration, produits irritants, infections cutanées, certains vêtements ou cosmétiques.
Dermatite atopique chez l’enfant
La dermatite atopique commence souvent dans la petite enfance et touche fréquemment :
le visage (joues) chez le nourrisson,
les plis des coudes et des genoux chez l’enfant plus grand.
Les démangeaisons peuvent altérer le sommeil et le bien-être. Les traitements locaux sont adaptés et sûrs chez l’enfant. Dans la majorité des cas, la maladie s’améliore avec l’âge.
Une prise en charge régulière permet à l’enfant de grandir avec une peau plus confortable et une meilleure qualité de vie.

Principes de la prise en charge
La dermatite atopique est une maladie chronique, mais elle peut être contrôlée efficacement grâce à une prise en charge adaptée et régulière.
1. Les soins de fond (au long cours)

Application quotidienne d’émollients/hydratants sur toute la peau
Objectifs : restaurer la barrière cutanée, réduire la sécheresse et prévenir les poussées
Indispensables même en dehors des périodes de crise
2. Le traitement des poussées
Dermocorticoïdes (corticoïdes locaux) : traitement de référence
Appliqués une fois par jour sur les plaques
Choisis par le médecin selon l’âge, la zone et la sévérité
Utilisés correctement, ils sont efficaces et sûrs
Tacrolimus pommade (inhibiteur de la calcineurine)
Alternative sans corticoïde
Particulièrement utile pour le visage, les paupières ou en traitement d’entretien.
Le traitement doit être débuté dès les premiers signes de poussée et poursuivi jusqu’à disparition complète des lésions, avec parfois un schéma préventif intermittent.
3. Prévenir les complications
Surveillance et traitement des infections cutanées, fréquentes dans la DA
Adapter les soins d’hygiène, éviter les produits irritants
Parler de l’impact psychologique et du sommeil avec son médecin
Les nouvelles avancées thérapeutiques (formes modérées à sévères)
Lorsque les traitements locaux ne suffisent plus, des traitements systémiques peuvent être proposés par le dermatologue :
Biothérapies ciblées (voie injectable) : dupilumab, tralokinumab, lebrikizumab
Ces traitements sont parmi les plus efficaces et ciblent les mécanismes de l’inflammation.
Inhibiteurs de JAK (voie orale) : baricitinib, upadacitinib, abrocitinib
Ces traitements sont également très efficaces et rapides d'action mais nécessitent une surveillance plus régulière.
Ces traitements ont profondément amélioré la prise en charge des formes sévères de dermatite atopique et la qualité de vie des patients.
Conseils pratiques au quotidien : les bons gestes essentiels
1. Hydrater sa peau tous les jours : un geste fondamental
L’hydratation quotidienne est la base du traitement de la dermatite atopique, même lorsque la peau va mieux.
Appliquer une crème émolliente/hydratante une à deux fois par jour, sur toute la peau
Choisir une crème adaptée, sans parfum, prescrite ou conseillée par le médecin
L’hydratation permet de :
réparer la barrière cutanée
diminuer la sécheresse et les démangeaisons
réduire la fréquence des poussées
Ce soin doit être poursuivi au long cours, y compris en dehors des poussées
2. En cas de poussée : ne pas hésiter à utiliser la crème à la cortisone
Lorsqu’apparaissent des plaques rouges, rugueuses ou qui démangent, il s’agit d’une poussée de dermatite atopique.
La crème à la cortisone (dermocorticoïde) est le traitement de référence des poussées
Elle doit être appliquée :
une fois par jour, directement sur les plaques
pendant plusieurs jours, jusqu’à disparition complète des lésions et des démangeaisons
Plus le traitement est débuté tôt, plus il est efficace et plus la poussée est courte
Contrairement aux idées reçues, les dermocorticoïdes sont sûrs lorsqu’ils sont utilisés correctement, selon les prescriptions médicales. Ne pas traiter une poussée expose à un grattage prolongé, à une aggravation de l’eczéma et à des récidives plus fréquentes.
Le message clé à retenir : hydrater tous les jours et traiter rapidement les poussées. Il peut être nécessaire de maintenir les applications de cortisone localement 2 fois par semaine en prévention d'une nouvelle poussée.




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